Tsonga : «Je me suis fait éclater»

Tsonga : «Je me suis fait éclater»
Très lucide, Jo-Wilfried Tsonga ne se voile pas la face. La marche était trop haute et Rafael Nadal trop fort : «Aujourd'hui, j'ai joué mon match et je me suis fait éclater. C'était un grand Rafa.»
Tennis - Coupe Davis : Tsonga, Un grand Rafa

«Jo-Wilfried, quel sentiment vous anime après un tel match ?
J'ai l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur. Ce n'est pas facile. C'était un grand Rafa aujourd'hui. J'ai fait ce que je pouvais. Il était tout simplement beaucoup plus fort que moi. C'est le plus grand joueur de tous les temps sur terre battue. Il est pratiquement imbattable sur cette surface en trois sets gagnants, il n'a perdu qu'une fois. Aujourd'hui, on n'a pas exception à la règle.

Dans votre carrière, avez-vous déjà eu cette sensation de n'avoir aucune solution ?
Oui, la semaine dernière (sourires). C'était moins visible, mais cela revient au même. Parfois cela arrive. Tu joues face à un adversaire meilleur et tu te fais écrabouiller. C'est dur pour l'orgueil, mais c'est le jeu. Cela m'arrive aussi d'écrabouiller des gars. Aujourd'hui, j'ai joué mon match et je me suis fait éclater.

Quelle est la différence entre Rafael Nadal et les autres sur terre battue ?
La surface lui va comme un gant. Il est dans son jardin, il fait tout très bien. Et surtout, il est gaucher et ça embête tout le monde. Il joue comme personne d'autre. Il a développé des qualités en coup droit qui tombe directement sur nos revers. C'est super dur de le contrer parce que la balle est vraiment lourde. Si tu ne fais pas un bon coup, tu cours. Si tu viens la prendre trop tôt, elle te gicle au visage, si tu la prends trop tard, tu n'as aucune chance.

«La France est à sa place. On s'en sort bien d'avoir marqué un point ici ! Evidemment, on aurait voulu gagner cette rencontre, mais c'était trop haut pour nous ce week-end.»

Comment expliquez-vous vos difficultés au retour ?
Au service, il met des effets que personne d'autre ne met sur terre battue. La balle tourne toujours dans un sens différent, nous revient dessus et c'est vraiment difficile de relancer. Je comprends pourquoi Roger (Federer) n'arrive pas du tout à retourner en revers à Roland-Garros. Quand je regardais les finales devant ma télé, je me demandais pourquoi il ratait. J'ai bien compris aujourd'hui. De l'extérieur, on a l'impression que cela ne va pas très vite, mais il y a un effet qui est très gênant et nous empêche de faire un super retour. Si tu ne fais pas un super retour avec Rafa, tu voyages derrière.

Vous ne vous êtes jamais découragé ?
La seule chose dont je suis fier est d'y avoir cru du premier au dernier point. Cela peut paraître complètement fou, mais cela m'a parfois permis de réaliser des choses extraordinaires. Ce n'est pas en baissant les bras que je fais avancer les choses. J'ai essayé de garder ma motivation du premier au dernier point. A 6-0, je pensais au prochain jeu. Je pensais même au prochain point, j'en étais là. Je ne pensais pas trop à ce qui s'était passé.

A la fin du match, Rafael Nadal est venu saluer le clan français avant d'aller fêter la victoire avec son équipe.
C'est la classe ! Il a toujours été un super beau sportif. Si on en avait un peu plus des comme lui, on aurait une autre image. C'est un gars super. Chapeau à lui.

Quel bilan tirez-vous de cette demi-finale ?
La France est à sa place. On s'en sort bien d'avoir marqué un point ici ! Evidemment, on aurait voulu gagner cette rencontre, mais c'était trop haut pour nous ce week-end. On va retourner au boulot et la prochaine fois, on les jouera à la maison et j'espère qu'on fera quelque chose de bien.»